Le village d’Auvillar est sur la rive gauche de la Garonne, dans la nouveau Région Occitanie (anciennement Tarn-et-Garonne) , à l’Est d’Agen et à l’Ouest de Montauban.
Il est inscrit sur la liste des « Plus beaux villages de France ». Le centre du village, une ancienne bastide entourée de murailles, est placé sur un promontoire surplombant la rivière; il est relié au Port par une route abrupte.
C’est là que de nombreuses activités se sont concentrées, il y a plus de deux mille ans. Le fleuve constituait une voie de communication qui facilitait l’exportation des céramiques, du vin, des plumes de duvet, des plumes à écrire et des fruits produits dans la région. Des pélerins venant de tous les coins de l’Europe et se dirigeant vers Saint Jacques de Compostelle en Espagne, ont dû s’arrêter souvent à la Chapelle des Marins, consacrée à Sainte Catherine et construite au Xème siècle. Une intense activité régnait alors dans les rues et sur la rivière. Puis le temps passa et, quand la voie de chemin de fer fut construite, à Valence d’Agen, de l’autre côté de la vallée, Auvillar déclina rapidement. Le Port si actif autrefois, fut presque oublié.
En 1994, un groupe d’artistes de Denver, Colorado, a séjourné pendant trois semaines, dans le village: le premier programme « Artistes en Résidence » était né; ce programme est resté l’activité principale d’une longue série de manifestations caractérisées par les échanges culturels et artistiques. Pendant les quatre premières années, la Fondation Donnell Kay attribua, tous les ans, une modeste subvention (entre US$ 3000 et US$5000 ) à l’Alliance Française de Denver, puis au Art Students League of Denver; elle permettait d’aider les artistes à financer leurs déplacements. Puis, au fil des ans, d’autres programmes ont été construits par d’autres organismes.
Devant le succès grandissant de ces manifestations, il a semblé opportun de créer un Centre permanent permettant de les développer et de leur assurer une certaine continuité. A cet effet, la Fondation Donnell Kay a accepté d’acquérir, en 1999, deux immeubles en ruine, placés sur un terrain d’environ 5500m², dans le quartier du Port. Le Centre d’Echange Culturel d’Auvillar (CECA) a d’abord été chargé de surveiller la restauration des biens puis, par la suite, de faciliter leur transfert à un futur propriétaire à qui sera confiée la mission de poursuivre les activités ainsi engagées, dans le même esprit ayant présidé à la naissance du Moulin à Nef, nom désormais donné à ce Centre.
La phase de construction du Moulin à Nef est maintenant achevée. L’immeuble-atelier, appelé « la Cebo », comporte un atelier de céramique moderne, doté d’équipements professionnels et susceptible d’accueillir entre 5 et 10 personnes. A l’étage, se trouvent trois salles dont l’affectation n’est pas encore précisée; elles peuvent être utilisées soit comme salle de classe, soit comme atelier; un espace pourrait être réservé à des expositions.
L’immeuble-bureau, dénommé « La Cloucado », en référence à un célèbre groupe littéraire occitan auvillarais du début du 20ème siècle (La Cloucado Marcabrun), comporte un bureau d’accueil et trois ou quatre petits studios d’art qui pourraient être utilisés soit par des écrivains, soit par des artistes travaillant des images numériques, par exemple. Une cuisinette et une petite salle de bain permettraient d’utiliser occasionnellement et exceptionnellement cet espace pour héberger des artistes.
Derrière ces deux maisons qui se trouvent au niveau de la rue, le terrain en pente a été aménagé et préparé pour la restauration d’une petite vigne qui aura un caractère œnologique, ampélographique et pédagogique tout en contribuant à la conservation de l’environnement. Au-dessus, une partie plane pourrait recevoir, si besoin était, des constructions supplémentaires.
Les travaux
C’est la Fondation Donnell Kay qui, en 1999, a acheté, au Port, un terrain et ses trois ruines, pour y construire le Moulin à Nef. Très rapidement, le terrain a été défriché. Un architecte a été recruté; il nous a apporté son concours en vue de procéder à la restauration des trois maisons. Le dossier de demande des autorisations requises a été rapidement monté. Grâce au soutien notamment de la Municipalité et de l’Architecte des Bâtiments de France de Tarn et Garonne, nous avons pu remettre sur pied deux maisons sur les trois qui se trouvaient en ces lieux.
L’année suivante, la Fondation Donnell Kay a accepté de financer l’aménagement intérieur de ces maisons qui serviront essentiellement d’ateliers pour des créations artisanales ou artistiques. La plus grande abritera un atelier de céramique et plusieurs ateliers d’art; il a été décidé de l’appeler “La ceba d’Aoubila” du nom du motif le plus connu utilisé par les anciens faïenciers d’Auvillar. La deuxième qui sera utilisée comme bureau d’accueil comportera trois ateliers; elle sera baptisée la “La Cloucado do Molin” pour rappeler le nom du célèbre groupe littéraire occitan: “la Cloucado Marcabrun”. M. Didier Médale, Achitecte, a été choisi pour construire les plans de ce nouvel ensemble, puis coordonner et contrôler la bonne marche des travaux.
La Cebo d’Aoubila
Pour les deux bâtiments, les travaux d’aménagement ont commencé au début de l’année 2001 et sont réalisés par des artisans auvillarais ou des environs. Ils seront terminés le 15 mai 2001. Au milieu du mois d’avril, les chantiers progressaient à un rythme soutenu et les photos que nous avons pu effectuer, à ce moment-là, servent à illustrer cet article. Nous avons également établi la liste définitive des gros équipements qui seront placés dans l’atelier de céramique. Ces équipements: des fours, des tours, et bien d’autres instruments et matériels, sont commandés et seront livrés au début du mois de juin 2001. Ils seront installés au rez de chaussée de la Ceba d’Aoubila et testés, cet été.
Au deuxième étage, se trouveront trois ateliers d’art; ils n’auront pas au, départ, d’affectation particulière, leur usage sera adapté à la demande qui sera variée, il n’en faut pas douter.
La Cloucado do Molin
Ce bâtiment est quasiment terminé. Le rez de chaussée est composé d’une pièce d’accueil, sur la rue; un petit centre de documentation est aménagé, à l’arrière. Au premier étage, nous avons un autre atelier d’art; nous envisageons de réserver la deuxième pièce, à un Atelier “IMAGES”: photographie, images numériques…etc
Le Cadre
L’espace compris entre les deux maisons a été aménagé provisoirement. Sa destination définitive n’a pas encore été décidée. Il est prévu de faire appel à des architectes confirmés qui nous aideront à imaginer la meilleure solution. Un programme pourrait être organisé dès l’été 2002, à cet effet. Il rassemblerait, par exemple un petit groupe d’élèves architectes qui seraient invités à nous présenter des projets portant sur l’ensemble des installations du Moulin à nef.
Entre temps, il sera procédé, durant le mois de mai, à des travaux de nettoyage et de préparation du terrain: arrachage des souches d’arbre et des ronces, aplanissement de la partie se trouvant au niveau de la rue et adaptation de sa pente. Dans la partie escarpée attenante, le terrain sera apprêté pour recevoir une vigne qui sera restaurée et qui restituera au paysage, dans son ensemble, quelques-uns des caractères qu’il avait il y a plus d’un siècle. Enfin, la partie supérieure, véritable plateau, sera également nettoyée et rendue accueillante: d’autres ateliers pourraient, à l’avenir, être construits à cet endroit qui bénéficie d’un point de vue extraordinaire sur le Port, le pont la Garonne ainsi que sur le village.
Il ne reste plus qu’à souhaiter “bon vent” à notre Moulin à Nef qui, en ce début de 21ème siècle, vit sa première année d’existence, dans ce quartier du Port enfin rénové et dont nous assistons à l’étonnante renaissance.
Voici les photos des travaux en 2001, sur lesquelles on se rend compte de l’état des bâtiments, qui étaient à l’abandon depuis de nombreuses années.
Ces photos ont été retravaillées par John Alexander et Francis Sohier.